Séminaire de Lille Environnement et fonctionnement associatif : Enjeux pour les dirigeants associatifs

du 29/09/2004 - 12:00 au 01/10/2004 - 17:00

 

Séminaire de Lille

Voici près de dix ans, le G.N.D.A. ouvrait, sans en mesurer toute la portée, un vaste chantier en plaçant la question de la cohésion sociale au cœur d’une interrogation centrale, à savoir : crise du lien ou mutation du corps social ? Simple intuition ou prémices d’une vision prospective du management, toujours est-il que notre groupement n’a cessé au cours de cette décennie, d’interroger les phénomènes à l’œuvre dans la transformation et les changements du champ de l’intervention sociale et médico-sociale.

Le point de départ fut la question des « publics ». L’approche verticale par catégories homogènes n’était plus opérationnelle. La ligne de partage entre le social et le médico-social paraissait de moins en moins distincte, estompée par les croisements multiples et récurrents entre le champ de la santé mentale et les modèles familiaux, le monde de l’économie, et l’espace politico-juridique, les cultures professionnelles et les systèmes territoriaux pour ne citer que les principaux thèmes mis en perspective dans l’analyse du changement. Ce fut pour nous la découverture de la démarche prospective, phase heuristique stimulante et productive qui nous a permis de porter un regard décalé sur notre environnement professionnel en utilisant de nouvelles grilles de lecture des systèmes à l’œuvre dans les processus de transformation sociétaux.

Ce fut « L’Homme au centre de tout projet » texte-charnière qui, en 1995, marque non pas l’aboutissement mais le point de départ d’une « mise en état de veille permanente » du groupement sur la double question de l’anticipation et de la maîtrise du changement.

Si l’usager fut tout naturellement placé prioritairement au cœur de l’interrogation, la deuxième étape de notre réflexion porta tout aussi naturellement sur l’organisation et les structures de management propres au secteur associatif en introduisant le concept d’entreprise associative, certains préférant celui d’association entreprenante.

C’est ainsi que les travaux conduits durant les séminaires de la presqu’île de Giens et de Strasbourg ont permis de mettre à jour les particularités- repérées plutôt comme des atouts- de nos organisations associatives dans la gestion de systèmes complexes nécessitant une vision prospective et éclairée du projet associatif.

La question du changement fut ici prioritairement traitée sur le versant de la réactivité institutionnelle, conséquence directe des modalités d’organisation interne de nos associations autant que de leur capacité d’anticipation.

Les transformations sociétales perçues au milieu des années 90 nous ont conduit à replacer l’usager au centre de nos organisations dans leur dimension éthique.

La gestion quotidienne de la complexité nous a permis d’acquérir une réelle compétence dans la mise en synergie de logiques diverses, et parfois contradictoires, nécessaires à la mise en œuvre du projet associatif.

Aujourd’hui, les transformations à l’œuvre dans le champ législatif et réglementaire- principalement marquées par la promulgation de la Loi du 2-01-2002- déplacent la problématique du changement sur les différents modes de gouvernance observés dans nos associations.

La responsabilité des dirigeants associatifs, qu’ils soient salariés ou bénévoles, se trouve conjointement et solidairement interpellée par la remise en cause  implicite, et parfois explicite, de la pertinence si ce n’est de la légitimité, des entreprises associatives  à œuvrer pour le compte de la puissance publique dans le champ social et médico-social.

Des tendances émergentes nous indiquent que de profonds bouleversements viendront à très court terme percuter  de plein fouet nos cultures historiques : usagers consommateurs choisissant librement un prestataire de service, ouverture du marché du social à la libre concurrence et à l’économie marchande, redistribution territoriale dans l’espace européen, diversification des modes de financement, proximité accrue des décideurs politiques dans la perspective de nouvelles décentralisations, autant de questions qui ne peuvent plus se traiter dans la seule interface entre le politique et le technique, laissant ainsi dans chacune de nos associations un Président et un Directeur général face à face ou côte à côte selon les aléas de l’environnement.

Même si le concept de gouvernance ne fait pas l’unanimité, c’est en tous cas dans ce registre que nous devons poursuivre notre interrogation  sur la problématique du changement.

Nos séminaires de l’année 2003- et tout particulièrement celui du Puy en Velay- ont permis de poser les bases du questionnement sur des fondements à la fois théoriques et pratiques par l’étude de situations concrètes. Cette forme de travail ayant recueilli un large assentiment au sein du groupement, la commission technique a proposé de poursuivre la réflexion dans chacune des sept régions à partir d’un guide d’étude et d’appui méthodologique diffusé dans la Lettre d'avril mai 2004.

Les journées d'études de Paris, en mars dernier, nous ont permis de "contextualiser" notre réflexion en examinant le rôle et les marges des associations dans le cadre de la nouvelle étape de la décentralisation et l'évolution des politiques publiques. Le séminaire de Lille, les 29, 30 septembre et 1er octobre, sera plus particulièrement consacré, à partir de situations concrètes, à l'actualisation de notre analyse contextuelle (les changements à l'œuvre dans notre environnement) et au repérage de ce qui, dans cet environnement institutionnel, influence fortement les fonctionnements associatifs et la question de la "dirigeance" associative. Cette réflexion se fera à partir des trois principaux champs, d’intervention  ( handicap, protection de l’enfance, insertion) et autour de six systèmes en interaction :

  • systèmes administratifs
  • systèmes  économiques
  • systèmes  territoriaux
  • systèmes  démographiques
  • systèmes politico juridiques
  • systèmes  culturels.

Qu’elles soient subies, anticipées, maîtrisées, ou contournées, les transformations qui bousculent nos références historiques, nous imposent de porter un regard lucide et sans complaisance sur les limites d’un système d’organisations  associatives aussi diversifiées que morcelées et d’analyser  les risques à poursuivre sa gouvernance sans un minimum de règles et de référentiels communs.

Tels sont nos enjeux pour les années 2004 et 2005.

Le séminaire de Lille, consacré à cette thématique, marquera  vraisemblablement une étape importante dans la vie de notre groupement. Il sera révélateur de notre capacité à opérer des choix lorsque le compromis n’est plus possible.

Nul doute que ces choix  se feront sans aucune compromission avec les valeurs profondément humanistes et l’éthique professionnelle qui ont toujours été le bien commun partagé au sein du Groupement.

E.SOLANAS

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Programme séminaire Lille septembre 2004 Jeudi, 30 Septembre, 2004 Lire le document